
E4 • la fonction émotionnelle
[ je vis • tu vis ] • [ tu es • je suis ]
La fonction émotionnelle prend sa source dans les profondeurs de l’histoire de l’être, son observation constitue donc une étude préliminaire à l’évolution personnelle.
L’énergie émotionnelle manifeste la satisfaction des besoins fondamentaux et participe à la nature des liens relationnels.
La bienveillance et la conscience de l’altérité favorisent la compréhension d’autrui et la communication.
Les émotions dirigent ainsi les perceptions (sensorielles et symboliques) de soi avec soi-même et avec le monde.

La vie émotionnelle est bouillonnante et fortement nuancée.
La peur (évitement), la joie (ouverture), la tristesse (retrait), la colère (action) sont les quatre émotions primaires (auxquelles s’ajoutent la surprise et le dégoût).
Le mot émotion se compose du préfixe e- portant sur l’extériorisation (en dehors d’un espace) suivi du radical -motion signifiant une mise en mouvement, l’émotion est donc un mouvement qui s’accomplit vers l’extérieur.
Toutes les émotion sont donc caractérisées par une modification brusque et momentanée (hors de la position d’équilibre) de l’état habituel de conscience accompagnée de signes physiologiques concrets et variés : sudation, tremblements, bégaiement, rougissement, agitation, vomissement, palpitations.
Manifestations de la peur : confusion, crainte, effroi, désorientation, fourberie, défense, inhibition, agitation, panique, pessimisme, tension, timidité, incertitude, suspicion, fuite, méfiance, réticence, scepticisme, hésitation, soumission, nervosité, vulnérabilité, embarras...
Manifestations de la joie : confort, enthousiasme, liberté, gaîté, harmonie, affection, chance, bonté, reconnaissance, espoir, allégresse, tendresse, sympathie, optimisme, passion, décontraction, plaisir, exaltation, affabilité, enchantement, élan, ravissement, émerveillement, partage, contentement...
Manifestations de la tristesse : apathie, désespoir, indifférence, dégoût, retrait, léthargie, affliction, accablement, chagrin, peine, abattement, ennui, tourment, déception, fatigue, morosité, affaissement, échec, inaptitude, dévalorisation, dépression, découragement...
Manifestations de la colère : agitation, agressivité, animosité, brutalité, furie, hostilité, protestation, provocation, rancune, mécontentement, agacement, exaspération, irritation, mépris, fâcherie, contrariété, énervement, mesquinerie, critique, détestation, dureté...
Manifestations de la surprise : étonnement, stupéfaction, effarement, stupeur, sursaut.
Manifestations du dégoût : aigreur, amertume, écœurement, distance, rejet.
L’émotion mobilise entièrement le corps et l’esprit, son jaillissement se produit dans l’instant du présent, ni avant, ni après.
L’être qui l’exprime existe ici et maintenant dans l’expérience de son vécu, « il vit » et « il est » son émotion.
L’émotivité est essentiellement une expression comportementale réactionnelle à une situation inhabituelle, surprenante, inquiétante, exaltante, émouvante concernant autant l’être humain que le règne animal, c’est donc une conduite instinctuelle.
En formant une réponse physiologique observable, le message émotionnel est la communication spontanée d’une expérience subjective instantanée, toujours reliée aux conditions d'une relation particulière à l'environnement.
Selon sa nature, le saisissement émotionnel provoque une sensation agréable : « je suis pétillant de joie » ou désagréable : « je suis accablé de tristesse » de l’état affectif.
Ordinairement, seul le caractère subjectif de plaisir ou de déplaisir est retenu : « ça va bien / ça va mal ».
L’émergence de l’émotion nécessite alors d’être :
1. observée (isolée et décrite),
2. discernée (identifiée et comprise),
3. verbalisée (symbolisée) car elle peut ne pas avoir été reconnue par celui qui la vit : « j’ai peur » reliée à un contexte : « j’ai peur de quelqu’un » et mise en perspective avec les implications actuelles : « j’ai peur du voisin ».
L’individu réalise constamment des évaluations face aux situations et événements auxquels il est confronté.
Le résultat de sa perception conditionne alors la charge et la nature d’un jaillissement émotionnel : « mon voisin me semble dangereux (perception intuitive) », considéré en terme de bien-être ou de survie : « je ne veux pas mourir (sentiment, désir) ».
L’émotion est donc une expérience individuelle toujours en lien avec l’environnement : « il m’a dit qu’il est chasseur (représentation) » ayant une incidence sur l'adaptation de l'individu : « j’ai trop peur, je n’ose pas lui parler (intention) » et susceptible de transformation : « si j’avais une porte et des fenêtres blindées, je serais rassuré (besoin) ».
La perception subjective de l’environnement est alors modifiée par l’émergence du contenu affectif qui agit sur sa représentation : « depuis qu’il m’a dit être chasseur, je le trouve inquiétant (peur) ».